Un étrange livre qui conte les histoires de l’auteur, mécano, c’est à dire conducteur de trains pour la SNCF.

Écrit ni en prose, ni en vers, j’ai du prendre le coup pour lire et glisser sur les phrases sans m’y accrocher : ça ne rime pas mais c’est chantant. Il n’y a pas d’alexandrins mais c’est rythmé. Cela dit, il est un peu lourd, à manger par petits bouts.

Depuis son intégration dans “l’entreprise”, on découvre avec Mattia l’atmosphère du métier, qui garde des éléments de ses racines révolutionnaires industrielle : on ressent bien le poids de l’horloge, les longs trajets qui font voir du paysage (mais toujours le même), la peur de faire une erreur ou d’avoir un accident. Et pourtant c’est fascinant, je m’imagine aux commandes des énormes trains pour lesquels un freinage se prévoit parfois des kilomètres a l’avance, de ces masses mécaniques de centaines de tonnes mues par des gens sans qui ce ne sont que des tas de ferraille.

Ça rend humain les trains qui, de mon point de vue de passager, pourraient bien être automatiques sans que ça me choque.

Des phrases en italien, citations de la nonna, la grand-mère de l’auteur, sont parsemées ici et là, en sa mémoire.

Ce livre me donne envie de lire le manuel, la bible du mécano, le zapav de standards qui dicte mécaniquement à chacun ce qu’il doit faire en quelle circonstance. Il y en a supposement un a bord de chaque train, et les apprentis l’ont pour livre de chevet les premiers moi. Je n’en n’ai pas trouvé d’exemplaire sur internet, ni sur Leboncoin. Ça me rend d’autant plus curieux.

Je recommande à ceux qui apprécient le mythe de l’usine qui gronde, du travail au service d’une grande machine complexe.